Ce que cache notre obsession des poils

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Ce que cache notre obsession des poils, derrière cette question anodine ce que cache notre obsession des poils – en avoir ou pas ? – se joue une partition autrement plus complexe sur notre rapport au corps, à la féminité et à la sexualité.

Décryptage. « Jambes, maillot, aisselles, lorsque je sors de chez l’esthéticienne, j’ai l’impression d’être légère, belle et séduisante, raconte Mathilde, 37 ans. Comme si mon corps sortait d’hibernation. D’ailleurs, je ressens mieux le soleil sur ma peau, mes vêtements glissent plus facilement, j’ai toujours plus envie de faire l’amour. » Sociologie, ethnologie, psychologie, esthétisme…, des dizaines d’essais en sciences humaines témoignent de notre fascination pour ces quelques millimètres d’animalité qui stimulent l’imagination, et beaucoup d’autres choses.
Bien sûr, il y a les extrémistes du tout ou rien. Et ce depuis toujours, comme l’explique Christian Bromberger, chercheur à l’Institut d’ethnologie méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec) et auteur de Trichologies, une anthropologie des cheveux et des poils (Bayard, 2010). Dans l’Antiquité, on trouve déjà la mention des « trichophiles » (de thrix, trichos, « poil », et philos, « qui aime », en grec ancien) comme des « tricophobes ».
À Rome, les esclaves esthéticiennes traquent le poil des patriciennes soucieuses de leur hygiène. Pour cette même raison, mais aussi pour se distinguer des barbares hirsutes, les légionnaires combattent cheveux ras, visage imberbe. En Égypte ancienne, le physique glabre de la noblesse et des scribes est un marqueur social qui les différencie des esclaves, chevelus et poilus.
En France, l’épilation suit l’influence plus ou moins forte de la religion chrétienne, qui, au Moyen Âge, impose de ne pas toucher à ce que, par nature, Dieu a donné. Au XVIe siècle, la noblesse féminine, qui souhaite paraître diaphane, s’épile ou se rase le haut du front pour ressembler à Marie Stuart. Imams, rabbins, popes et autres religieux affichent quant à eux, et depuis toujours, une barbe bien fournie.