Les ongles des mains poussent plus vites

Atlantico : Les ongles des mains pousseraient jusqu’à trois à quatre fois plus vite que les ongles des pieds. A ce jour, le mystère de cette disparité reste entier. Seules des hypothèses ont jusqu’à présent été avancées. Quelles sont-elles ? Comment expliquer l’inexplicabilité de cette différence de croissance ?

Anne Dompmartin : Il existe en effet de plusieurs explications possibles à cette différence de vitesse de pousse.

Une des explications émises concerne la vascularisation très distale du pied, c’est-à-dire le fait qu’il se situe à une extrémité éloignée du tronc. Le sang circule donc moins bien dans cette zone et ralentit la pousse.  Autre explication possible : la différence tissulaire entre les ongles de mains et de pieds.

Enfin, cette différence peut également s’expliquer par l’écosystème local : les pieds sont effectivement beaucoup plus traumatisés que les mains.

Actuellement, seules des hypothèses ont été émises. Rien n’a encore été scientifiquement prouvé.

Rodney Dawber, un dermatologue anglais, aurait émis jusqu’à présent l’hypothèse la plus probable, à savoir que les ongles des mains repoussent plus vite du fait de leur usage quasi quotidien, contrairement à ceux des pieds. Il aurait notamment remarqué qu’étant droitier, les ongles de sa main droite poussaient plus vite que ceux de sa main gauche. Est-ce réellement le cas ?

Cela pourrait être une explication mais je ne suis pas nécessairement d’accord avec elle. On sollicite tout autant les pieds, voire plus étant donné qu’on marche tout de même beaucoup. Cependant, ce qui peut expliquer cette différence de repousse entre la main droite et la main gauche, c’est justement cette vascularisation. La main droite étant plus sollicitée, elle requiert plus de sang et de nerfs.

Finalement à quoi servent les ongles de pieds ?

Contrairement à ce que l’on peut croire, ils sont très utiles ! Les ongles sont des séquelles embryonnaires, c’est-à-dire d’évolution des espèces. A l’origine, on avait des griffes qui au fur et à mesure se sont modelées pour devenir ces fameux ongles. Aujourd’hui encore, ils servent à griffer, déchirer, etc. Ils permettent également d’attraper des objets de petite taille, de par la contre-pression exercée par rapport à la partie pulpeuse.

De plus, les ongles vont de pair avec la sensibilité, c’est-à-dire que la tablette dure de l’ongle va créer un appui sur le lit unguéal qui, du fait de l’intensité de son innervation et de sa vascularisation, va jouer un rôle dans notre sens du toucher.

Enfin, un ongle est révélateur de l’état de santé de l’individu. Par exemple, lorsque l’on a une forte fièvre, on peut voir des sillons apparaître sur les ongles. Certaines pathologies dermatologiques, comme la perte de cheveux, peuvent aussi avoir des anomalies unguéales associées. Cet effet miroir de l’état de santé s’explique probablement par la microvascularisation de la matrice unguéale.

Finalement, comment pousse un ongle ?

La croissance de l’ongle démarre au niveau de la matrice située sous la cuticule. C’est cette matrice qui produit la kératine, une protéine fibreuse, qui est le principal constituant de l’ongle. Il faut trois à six mois pour renouveler un ongle entier au doigt, douze à dix-huit mois pour l’orteil.

Peut-il arriver qu’un ongle arrête de pousser ?

Tout à fait, il existe certaines pathologies qui ralentissent considérablement, voire cessent la pousse de l’ongle. De plus, l’ongle est un organe fragile. Par conséquent, certains traitements pour ongle peuvent entraîner des lésions importantes qui déstabilisent la pousse de l’ongle. Il peut s’agir de traitements médicaux comme de vernis à ongles.