La coiffure comme soin est thérapeutique

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La coiffure est thérapeutique selon les experts

Créée pour répondre aux besoins spécifiques de personnes âgées, malades ou fragiles, la socio-coiffure permet d’apaiser un mal-être causé par une perte totale ou partielle de la chevelure ou par un manque de soins. Nous pouvons croire que la coiffure comme soin est thérapeutique.

La coiffure comme soin est thérapeutique selon les experts

En quoi consiste la socio-coiffure ?

Retrouver son intégrité physique et psychologique, être accompagné dans sa réinsertion professionnelle, ou garder des cheveux sains et propres malgré l’âge ou la maladie… Autant de raisons pour lesquelles pour prendre soin de sa chevelure et de soi n’est ni futile ni inutile. Et c’est pour cela que sont formés les socio-coiffeurs. La coiffure comme soin, à la maison.

Plus que de simples coiffeurs, ils interviennent là où le temps et le personnel spécialisé manquent. Par exemple pour permettre à des personnes alitées, âgées ou malades, de bénéficier de shampoings au lit et de coupes d’hygiène dont elles seraient privées autrement. Pendant des mois, parfois des années. « C’est un métier thérapeutique nécessaire dans un pays où le prendre soin est hyper médicalisé et pas assez social », selon Jean-Marie Jouhaud, animateur social en maisons de retraite.

Patients suivant des chimiothérapies, victimes de pelade, mais aussi des accidentés de la route ou des grands brûlés, les clients des socio-coiffeurs ont souvent en commun un besoin de retrouver leur identité. Selon Véronique Gibault, socio-coiffeuse depuis 22 ans, suivre ces personnes jusqu’à la repousse de leurs cheveux est nécessaire. « Il faut vraiment être à leur écoute et les accompagner avant, pendant et après le traitement. »

Nathalie, 45 ans, qui a suivi sa seconde chimiothérapie en 2012, est allée voir Véronique avec ce besoin de retrouver qui elle était avant la perte de ses cheveux. « J’avais très bien vécu de les perdre, puisque ça m’était déjà arrivé, mais il fallait quand même que je retrouve cette part de mon identité. La plupart des gens arrivent à s’accepter avec les cheveux courts, une fois la repousse commencée. Mais pas moi. Ça a été tellement difficile que je suis passée par une phase dépressive. Mes cheveux n’étaient pas d’une longueur acceptable et je n’étais pas bien dans ma peau. Grâce à la pose d’extensions naturelles, Véronique m’a permis d’avoir une chevelure longue sans porter de perruque. »


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Au-delà de la coiffure « classique »

La SOCO Academy, créée par Marie-Pierre Darthayette en 2011 à Biarritz, est la seule formation de socio-coiffure en France. Elle dure une semaine par mois pendant un semestre et est réservée aux titulaires d’un CAP ou d’un BP de coiffure.

« Pour moi, la coiffure c’est le paraître, alors que la socio-coiffure, c’est être, explique quant à elle Véronique. Dans ce métier, on oublie les diktats de la mode. En socio-coiffure, la beauté n’est pas un but, elle n’est qu’accessoire, contrairement à la coiffure classique.» Si elle a fait le choix, en tant que coiffeuse, de se spécialiser dans la prothèse capillaire il y a 25 ans, c’est qu’elle trouvait frustrant le fait de poser une perruque sur une cliente et de ne pas savoir ce qu’il advenait d’elle ensuite. « J’avais envie d’évoluer et de vraiment servir à quelque chose. »

Mais pour se lancer dans la socio-coiffure, une formation supplémentaire est nécessaire. Marie-Pierre Darthayette, créatrice de la SOCO Academy, explique que pour remplir au mieux leurs missions, les socio-coiffeuses ont besoin d’être capables d’appréhender différentes méthodes selon les pathologies. « En tant que coiffeuse, on ne sait pas forcément qu’une personne autiste ne supporte pas qu’on lui touche les oreilles. On peut rapidement courir à la catastrophe. Par manque de formation, on peut être maladroit et faire des dégâts », met en garde Véronique.

Être socio-coiffeur demande aussi le respect d’une déontologie et l’adaptation au fonctionnement des équipes soignantes pluridisciplinaires et aux réglementations qui existent dans les différents environnements (hôpitaux, maisons de retraite, centres spécialisés).

La coiffure comme soin

Enfin, la socio-coiffure se différencie de la coiffure « classique » par le bagage émotionnel que doivent supporter les praticiens. Marie-Pierre Darthayette estime que « s’occuper de personnes malades demande une certaine force psychologique et une capacité à relativiser ». C’est pour cela que les socio-coiffeurs doivent aussi apprendre à prendre du recul pour éviter un investissement personnel trop important. Une situation que connaît très bien Véronique. « Il faut s’investir mais aussi se protéger. Sinon on ne peut pas aider les autres. Créer des liens d’amitié peut être lourd, en particulier lorsqu’une cliente a l’âge de notre propre fille. Il nous faut du soutien pour ne pas plonger et pour éviter l’épuisement professionnel. »

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